Hakim El Karoui a rédigé le rapport La fabrique de l’islamisme, diffusé dès dimanche soir par l’institut Montaigne. Il était notre invité ce lundi matin.
« C’est d’abord une idéologie, une représentation du monde« . L’auteur de cette phrase, Hakim El Karoui, essayiste, est aussi celui d’un rapport publié dimanche soir par l’institut Montaigne, think tank libéral, intitulé La fabrique de l’islamisme et qui doit être remis à Emmanuel Macron pour nourrir un plan censé être présenté à l’automne. Sur notre plateau ce lundi, il a évoqué les enseignements tirés de son enquête:
« L’idéologie islamiste est en forte progression chez les musulmans de France. Elle est alimentée par les réseaux sociaux. Les musulmans et notamment les jeunes, s’informent, apprennent la religion de plus en plus par les réseaux sociaux et de moins en moins par la famille et aujourd’hui très peu par les mosquées. »
« Les imams de France sont faibles »
Parmi les seize principaux « influenceurs » mondiaux, c’est-à-dire les comptes relevant du monde des idées les plus suivis sur les réseaux sociaux, on dénombre cinq docteurs la loi islamique saoudiens. « L’objectif du rapport, c’était expliquer comment la partie émergée de l’iceberg celle qu’on voit sur les réseaux sociaux a été fabriquée depuis un siècle en Arabie, en Egypte par les Frères musulmans et puis de plus en plus maintenant en Europe« , a complété Hakim El Karoui.
Ce dernier a pointé la direction dans laquelle dérive selon lui cet « iceberg »:
« On est en train de créer une société alternative, à côté, séparée. Avec un concept-clé : le halal. Halal, ça veut dire licite. La société française est perçue par ceux-là, qui sont une petite minorité des musulmans de France, comme illicite, impure. Donc ils veulent créer à côté une société différente, avec des règles, avec des normes, avec des comportements. »
Et les imams ne seraient que de peu de secours. « Les imams de France sont faibles. Ils sont bien souvent étrangers, ne parlent pas très bien français. Ils connaissent très peu le public, et notamment les jeunes. Ils ne savent pas leur parler », développe l’essayiste.
Une bataille de la connaissance
Au chapitre des solutions, c’est d’abord sur les acteurs que s’intéresse l’auteur du rapport: « Ce n’est pas l’Etat qui va réagir. L’Etat, il peut aider. On est dans un régime laïc et on est sur un problème idéologique. Les cibles ce sont d’abord les musulmans. Donc qui doit réagir ? Les musulmans, les musulmans intégrés, les musulmans silencieux »
Parmi les options qu’Hakim El Karoui a voulu mettre sur la table à l’issue de son rapport, on trouve la volonté d’encourager l’apprentissage de l’arabe: « C’est une bataille de la connaissance. Les islamistes disent : ‘Nous savons, vous ne savez pas’. Connaître l’arabe, c’est avoir accès au texte et donc se passer des intermédiaires, comme les islamistes. » D’après les chiffres avancés dans le document qu’il a mis sur pied, deux fois moins d’élèves apprennent l’arabe dans les écoles qu’il y a vingt ans, et dix fois plus dans els mosquées.
« Mais ça va bien au-delà. C’est aussi une question d’organisation, de financement mais aussi, et c’est une question pour l’Etat, un vrai enjeu diplomatique », a-t-il ajouté.
Source : BFMTV