Les tarifs des péages devraient fortement augmenter l’an prochain. Une hausse due en partie à l’inflation et à un nouveau plan d’investissement.
Automobilistes, préparez-vous à mettre la main au portefeuille l’an prochain ! Les tarifs des péages devraient en effet connaître une augmentation importante en 2019 du fait de l’effet conjugué de plusieurs décisions des gouvernements précédents. Au total, l’augmentation pourrait atteindre, selon nos calculs, 1,08 à 2,19%, au sein des principaux réseaux qui représentent 95% des autoroutes. A titre de comparaison, au niveau national, l’augmentation moyenne des péages en 2018 s’est élevée à 1,55%. Mais elle comprenait un rattrapage de “loyer” dû par les sociétés d’autoroutes à l’Etat. Sans ce dispositif, la hausse s’élevait à 0,88%.
Pourquoi une telle hausse en 2019 ? D’abord car un nouveau plan d’investissement de 700 millions d’euros voulu par François Hollande a été validé par le Conseil d’Etat au début du mois d’août. Il prévoit la construction ou l’aménagement d’échangeurs, des travaux environnementaux, et la création de places de covoiturage près des autoroutes. Et contrairement au précédent plan de relance, ce sont cette fois les collectivités locales, donc les contribuables, et les automobilistes via une hausse des péages, qui seront appelés à financer tout ça. L’impact sur les tarifs est estimé entre +0,1 à +0,4% durant les trois prochaines années, d’après les chiffres donnés par le ministère des Transports au Moniteur.
Les réseaux concernés sont Cofiroute (centre-ouest), Sanef et SAPN (nord-est). Mais ce plan pourrait toutefois monter à 800 millions d’euros selon les avis qui seront rendus à la rentrée par le Conseil d’Etat. Il inclurait alors les réseaux APRR (centre-est), Area (Rhône-Alpes), ASF et Escota (sud). L’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) critique d’ailleurs depuis plus d’un an ce plan d’investissement. “Les augmentations des tarifs de péages prévues excèdent le juste niveau qu’il serait légitime de faire supporter aux usagers”, écrit-elle en conclusion de son étude de juin 2017, portant sur un plan à 800 millions d’euros. L’Arafer soulignait notamment que certains projets correspondaient “à des obligations déjà prévues dans les contrats” ou qu’il “n’était pas établi qu’ils soient strictement nécessaires ou utiles à l’exploitation de l’autoroute”.
Les tarifs augmentent aussi à cause de Ségolène Royal
Par ailleurs, une décision de Ségolène Royal aura aussi une incidence sur les tarifs des péages en 2019. L’ex-ministre de l’Environnement avait en effet tenté de s’opposer en 2015 à sept sociétés d’autoroute historiques en décidant d’un gel des tarifs cette année là. Or, cette opération a eu une contrepartie : une compensation lissée sur les années 2019 à 2023, qui s’avère au final plus importante que la hausse initialement prévue en 2015. Les automobilistes subiront donc des tarifs à la hausse dès 2019 sur les principaux réseaux : +0,10% pour SAPN et Cofiroute, +0,11% pour Sanef, +0,25% pour APRR et Escota, +0,26% pour Area et +0,39% pour ASF.
Enfin, les tarifs des péages augmentent chaque année de manière automatique en vertu du contrat passé avec l’Etat. Les opérateurs historiques peuvent ainsi augmenter leur prix chaque 1er février à hauteur de 70% de l’inflation. Or cet indice est de nouveau sur une pente ascendante cette année. Selon les estimations, l’inflation devrait atteindre 1,40 à 2% en 2018. Ce qui aurait donc pour effet de faire monter le tarif des péages de 0,98 à 1,40%.
Le réseau qui risque d’imposer la plus forte hausse aux automobilistes serait donc ASF. L’augmentation serait de 2,19% en prenant les pires estimations : une augmentation de 0,4% du fait du plan d’investissement, de 0,39% du fait du rattrapage du gel et de 1,40% basée sur l’inflation.
Source : Capital