Dans un cinglant réquisitoire, le Parquet national financier estime que les infractions de corruption et de trafic d’influence sont constituées.
Comme «Le Parisien» le révélait le 6 octobre, le Parquet national financier a requis le renvoi en correctionnelle pour Nicolas Sarkozy, son avocat Thierry Herzog et l’ex-magistrat Gilbert Azibert dans l’affaire dite des écoutes. L’ancien chef de l’Etat (qui avait ouvert une ligne téléphonique au nom de «Paul Bismuth») est soupçonné de «corruption, trafic d’influence et recel de violation du secret professionnel».
Ce samedi, le journal «Le Monde» dévoile le contenu du «réquisitoire cinglant» rédigé par les magistrats du PNF. Ceux-ci assimilent les méthodes utilisées par Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog à celles de «délinquants chevronnés».
Nicolas Sarkozy est soupçonné dans ce dossier d’avoir tenté d’obtenir en 2014, via Thierry Herzog, des informations secrètes auprès de Gilbert Azibert, ex-premier avocat général près la Cour de cassation, dans une procédure où il demandait la restitution de ses agendas saisis dans l’affaire Bettencourt (qui s’est soldée par un non-lieu en 2013). Dans les conversations avec son avocat, écoutées à l’origine en raison des soupçons de financement de la présidentielle de 2007 par la Lybie, l’ex-président semble s’engager à intervenir en faveur du magistrat pour qu’il obtienne un poste de prestige à Monaco.
«Les éléments à charge sont multiples et concordants»
«Bien que ralentie par l’exercice de multiples recours, et même suspendue, l’enquête a permis de déterminer les conditions dans lesquelles Nicolas Sarkozy, par l’intermédiaire de Thierry Herzog, a bénéficié de la présence de Gilbert Azibert au sein de la Cour de cassation, affirme le PNF dans ses conclusions. Ajoutant : «En dépit des dénégations des intéressés, les éléments à charge sont multiples et concordants».
Les écoutes de l’ex-chef de l’État n’ont cessé d’être contestées par la défense, dénonçant des interceptions «au long cours, à filet dérivant» dans une procédure initiale qui ne «comporte aucun élément probant contre l’ancien chef de l’Etat». La balle est maintenant dans le camp des juges d’instruction.
Source : Le Parisien