La pyramide de Dahchour a terminé de révéler ses secrets. L’équipe internationale du projet ScanPyramids a publié les premiers résultats de leur analyse aux particules cosmiques, les muons. Une technique qui vient de faire ses preuves.
Jusqu’ici, la découverte d’une pyramide venait par l’ouverture de ses murs et l’abattage des autres obstacles. Une technique destructive qui va bientôt pouvoir être remplacée par des techniques non-intrusives comme celle utilisée par l’équipe de ScanPyramids.
Le but du projet est d’étudier les structures des pyramides sans les abîmer. Le moyen utilisé ? Des détecteurs à muons. Ces derniers sont des particules voyageant dans l’univers. Elles traversent très facilement l’atmosphère mais sont déviées par les structures solides comme les pierres des monuments. En étudiant leur déviation, on peut ainsi reconstruire les obstacles qu’elles ont rencontrés.
Des données encourageantes
Le projet, lancé en 2015, sur la pyramide de Dahchour, vient de dévoiler ses premiers résultats. Les 40 plaques de détection placées dans la chambre basse ont pendant 40 jours analysé les trajectoires des muons. Avec les données récoltés, les collaborateurs japonais ont analysé 10 millions de trajectoires et déterminé le motif des impacts.
Afin de comparer et valider les résultats, les chercheurs ont simulé la détection de ces particules sur une très longue durée avec la structure déjà connue. Ils ont alors obtenu une répartition des impacts de muons qu’ils ont comparée à l’expérience. Ils ont constaté au final que le dessin se superposait très bien aux résultats obtenus, validant ainsi l’expérience.
« Nous venons de franchir une étape extrêmement importante en validant cette technique« , s’enthousiasme Medhi Tayoubi, co-directeur de la mission sur Sciences et Avenir. Il est maintenant possible d’analyser la structure d’une pyramide avec des muons. Les résultats ainsi obtenus annulent la possibilité d’une chambre de grande taille : la pyramide rhomboïdale n’a plus d’aussi gros secret à révéler.
Une méthode aux nombreux atouts
Cette nouvelle technique apporte de nombreuses possibilités aux archéologues. En effet, la conservation des bâtiments est l’une des préoccupations majeures du gouvernement égyptien et l’utilisation de techniques non-destructives va permettre l’étude en détails de nombreux édifices fragiles. Un procédé avantageux si on considère que les particules sont gratuites et inépuisables.
Malheureusement cette technique nécessite pour l’instant l’accès aux chambres situées dans la pyramide. En effet, le détecteur doit être placé à l’intérieur de manière à pouvoir analyser la structure au-dessus de lui. Mais cette limitation va bientôt être levée grâce aux ingénieurs du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
Ces derniers ont mis au point un détecteur de muons destiné à l’extérieur. Il permettrait alors d’analyser les structures sans entrer dans les monuments.
Une expérience qui continue
Encouragés par ces résultats, les chercheurs continuent leurs avancées technologiques. Ainsi Medhi Tayoubi explique : « la mise en œuvre sur le terrain nous a apporté beaucoup d’informations qui vont nous permettre d’ajuster et d’affiner les prochaines campagnes. Nous travaillons par exemple à l’optimisation de la formulation chimique des émulsions pour pouvoir augmenter leur temps d’exposition« .
Maintenant confirmée, la technique va être appliquée à d’autres pyramides dont de nombreux secrets restent à percer, notamment la pyramide de Kheops. Les scientifiques espèrent grâce aux futurs résultats découvrir les détails de sa construction.
Source : Maxi Science