En 2017, l’enseigne britannique Burberry a détruit des vêtements et des cosmétiques d’une valeur de plus de 30 millions d’euros au nom de la protection de la marque.
Burberry est sous le feu des critiques. Dans son rapport annuel, la maison de luxe britannique a annoncé avoir détruit des produits d’une valeur totale de 28 millions de livres (31 millions d’euros) l’année dernière, précisant que la valeur de ses invendus a augmenté de 50% en seulement deux ans, et sextuplé depuis 2013. Cette destruction d’une partie du stock équivaut à la disparition en fumée d’environ 20.000 des trenchs iconiques de la célèbre marque. Sur ce total, quelque 10 millions de livres (11 millions d’euros) de cosmétiques et parfums ont été détruits en 2017, une hausse expliquée par le groupe par la cession de sa licence beauté au groupe américain Coty.
Pour justifier avoir brûlé leurs invendus, Burberry a mis en avant la protection de la marque. La destruction de produits est répandue - tant parmi les grands distributeurs que les marques de luxe - qui y voient une façon de protéger la propriété intellectuelle et d’empêcher la contrefaçon, en détruisant leurs stocks au lieu de les écouler à bas prix.
90 millions de livres détruits en cinq ans
La presse britannique affirme que plus de 90 millions de livres (plus de 100 millions d’euros) de produits Burberry ont été détruits au cours des cinq dernières années. Au cours d’une assemblée générale, un des actionnaires aurait d’ailleurs demandé pourquoi les invendus n’étaient pas offerts gracieusement aux investisseurs privés de la société.
Tim Farron, porte-parole sur l’environnement du parti d’opposition des Libéraux démocrates, a qualifié la pratique du groupe de «scandaleuse», estimant que «recycler est bien meilleur pour l’environnement que de brûler pour générer de l’énergie».
Burberry s’est défendu des critiques en assurant travailler «avec des entreprises spécialisées qui sont capables de récupérer l’énergie de l’opération» de destruction. «Quand on est obligé de détruire des produits, on le fait de manière responsable et on continue à chercher des moyens de réduire et revaloriser nos déchets», a assuré un porte-parole. Le groupe a engrangé une faible hausse de son bénéfice net en 2017-2018, ralenti par une morosité de ses ventes qui devrait perdurer dans les deux ans qui viennent. La marque tente à présent de renforcer sa présence dans le très haut de gamme, tout en menant une refonte des magasins.
Avant Burberry, c’est la marque H&M qui a été épinglée pour avoir brûlé ses invendus. Le géant de la mode suédois a admis recourir à cette méthode pour les produits défectueux ou dangereux. La marque aurait ainsi brûlé 60 tonnes d’habits depuis 2013, à raison de douze tonnes de vêtements par an. H&M avait alors qualifié ces pratiques «d’absolu recours».
Source : Le Figaro