2013 : Goldman Sachs conseille une baisse générale des salaires de 30 % en France

De passage à Paris pour faire le bilan de l’année passée et de celles à venir, les économistes de Goldman Sachs sont venus distiller leurs prévisions pour 2013. C’est Huw Pill, le « Monsieur Europe » de ses économistes, qui répond aux questions du HuffPost et balaye tous les sujets majeurs.

Situation de la zone euro, la Grèce, la France, mais aussi la cabale lancée par The Economist à l’encontre du gouvernement… Voici l’avis de la plus prestigieuse -et plus sulfureuse- banque d’investissement du monde.

Qu’attendre de l’année 2013 en Europe ?

Nous sommes assez optimistes en ce qui concerne la situation économique globale, notamment pour la seconde partie de l’année. Nous sommes également optimistes pour les marchés financiers, qui ont pris une bonne direction depuis la fin de l’année dernière. Les moteurs de croissance que sont la Etats-Unis et la Chine ont retrouvé les niveaux qu’ils tutoyaient avant la crise.

Et pour la zone euro en particulier ?

Elle devrait connaître une contraction moins importante qu’en 2012. Il faudra toutefois attendre au moins 2016 pour retrouver une croissance modeste, selon nos estimations. La zone euro a surtout besoin de réduire sa dette publique.

Distingue-t-on une porte de sortie ?

A partir de 2015, les bénéfices des plans d’économies réalisés commenceront à porter leurs fruits. L’Europe va s’en sortir doucement, mais sûrement. Sa lenteur lui permet de s’adapter à la situation économique globale.

Qu’en est-il de la situation de la Grèce ?

C’est le pays qui compte les plus gros déséquilibres. Athènes est loin d’être sortie d’affaire, mais c’est le pays qui a connu les plus gros ajustements de toute la zone euro. D’autres mesures sont encore à prendre, mais la stabilisation est proche. La Grèce a toujours besoin de l’aide de l’Europe, mais aussi de temps. Ca ne sera pas facile, ni rapide.

Comment Goldman Sachs voit l’économie française ?

Si on la compare à la Grèce, la France a tout pour elle. Mieux placée géographiquement, plus importante économiquement… Mais elle ne pourrait pas compter sur un programme d’aide européen comme pour la Grèce. Du coup, la France doit pratiquer des ajustements d’elle-même.

C’est quoi le problème, donc ?

La France a un problème chronique, qui dure depuis de nombreuses années. Notamment un manque de compétitivité et des déséquilibres dans ses comptes. Selon moi, le principal défaut est incarné par un secteur public bien trop important. Cela a pour conséquence de retourner l’économie sur elle-même, c’est pour ça que la France ne produit pas assez de biens exportables.

Une recette miracle pour François Hollande ?

Il faudrait déplacer l’emprise de l’Etat vers le secteur privé. Ensuite, il faudrait s’appuyer sur une baisse des salaires générale, afin de regagner de la compétitivité. On estime que la France devrait réduire sa moyenne salariale d’environ un tiers, ce qui est politiquement impossible à imposer…

 

« J’ai détesté l’enquête de The Economist« 

Parler d’un article en particulier est assez dangereux, mais je crois que je l’ai détesté, il m’a inquiété. The Economist a critiqué la faible compétitivité et l’emprise de l’Etat, ce qui pourrait à terme menacer l’Europe. Je suis d’accord avec l’analyse, mais au contraire de ce journal, je suis persuadé que la France peut se réformer. La France n’est pas la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Italie ou l’Espagne. Elle continue d’emprunter à des taux très bas sur les marchés, qui ont confiance en elle.

Êtes-vous confiant pour elle ?

Je pense que la France aura entrepris ces changements d’ici trois à cinq ans. Elle devrait donc prendre la bonne direction, qui rendra la zone euro plus puissante et plus résistante. La vraie question est plutôt de savoir si le pays va saisir l’opportunité qui se présente à lui, notamment grâce à ses faibles taux d’emprunt sur les marchés…

 

Source : Huffington Post