Voici une excellente nouvelle pour le secteur du bio. Une étude française publiée ce lundi 22 octobre révèle que la consommation régulière de produits bio réduit, de manière non négligeable, le risque de cancer.
Moins de pesticides dans nos assiettes, des aliments plus sains… manger bio est bon pour la santé et c’est une nouvelle fois prouvé scientifiquement. Une équipe de chercheurs de l’Inra révèlent que les consommateurs « réguliers » d’aliments issus de l’agriculture biologique ont un risque de cancer moindre. Cette étude a été réalisée dans le cadre de l’enquête NutriNet-Santé, dont l’objectif est d’analyser les relations entre la nutrition et la santé. Jusqu’ici, une seule étude d’ampleur avait étudié l’effet sur le cancer d’une alimentation bio, la Million Women Study, avec 600.000 femmes britanniques (2014). Le résultat montrait essentiellement un risque réduit de cancer du lymphome non hodgkinien pour les consommatrices de bio.
Un risque réduit de 25 %
Pour mener à bien cette nouvelle recherche, les scientifiques français ont suivi, entre 2009 et 2016, près de 70 000 individus (78 % de femmes, âge moyen 44 ans). Les chercheurs du centre de recherche en épidémiologie et statistiques Sorbonne-Paris-Cité ont observé une diminution de 25 % du risque de cancer chez les consommateurs « réguliers » d’aliments biologiques, par rapport aux consommateurs moins réguliers. Ce chiffre grimpe à 34 % pour les cancers du sein post-ménopause et à 76 % pour les lymphomes.
Moins de pesticides et davantage de micronutriments
Pour expliquer ce constat positif, les auteurs de l’étude avancent deux hypothèses :
- La présence de résidus de pesticides synthétiques beaucoup plus fréquente et à des doses plus élevées dans les aliments issus d’une agriculture conventionnelle comparés aux aliments bio.
- Les teneurs potentiellement plus élevées en certains micronutriments (antioxydants caroténoïdes, polyphénols, vitamine C ou profils d’acides gras plus bénéfiques) dans les aliments bio.
Si ces résultats doivent être confirmés par de plus amples recherches, notamment sur d’autres populations et territoires, expliquent les chercheurs, ces derniers suggèrent qu’une alimentation riche en aliments bio pourrait contribuer à la prévention des cancers. Notons que les auteurs ont pris soin de corriger leurs résultats pour tenir compte du fait que les mangeurs de bio étaient, en moyenne, plus riches, moins obèses, moins fumeurs. Mais d’autres facteurs invisibles, environnementaux ou liés au mode de vie, jouent aussi peut-être un rôle. « Les gens qui mangent bio délibérément, au point de le déclarer, sont probablement différents des autres par bien d’autres aspects« , précise à l’AFP Nigel Brockton, directeur de la recherche de l’Institut américain de recherche contre le cancer (AICR). D’autres interrogations ont été soulevées : les traces de pesticides chez les participants n’ont pas été mesurées, ce qui a suscité les critiques d’experts d’Harvard dans le même numéro de Jama.
Toutefois, « Générations Futures se félicite de la publication de cette nouvelle étude qui montre clairement les effets protecteurs des aliments biologiques vis-à-vis du cancer, car les facteurs confondants possibles ont été considérés », déclare François Veillerette, directeur de Générations Futures.
Du bio pour tous, pour quand ?
« Il faut maintenant que l’État développe une politique d’accès à l’alimentation biologique pour tou·te·s et un soutien encore accru à l’agriculture biologique nationale comme un levier important d’une vraie politique de prévention du cancer qui permettrait sans doute d’éviter des dizaines de milliers de cas de cette terrible maladie qui touche 400 000 nouveaux malades tous les ans », suggère François Veillerette.
Sans compter que les résultats de cette étude rappellent les repères alimentaires du Programme national nutrition santé (PNNS) émis en 2017 par le Haut conseil de santé publique (HCSP). Si les experts, indiquaient que leurs recommandations ne devaient pas être prises pour des « injonctions moralisatrices« , ils conseillaient de privilégier des aliments cultivés « selon des modes de production diminuant l’exposition aux pesticides pour les fruits et légumes, les légumineuses, les produits céréaliers complets, et de varier les espèces et les lieux d’approvisionnement pour les poissons« .
Alors qu’une étude française parue en août dernier dans la revue Nature a démontré que l’agriculture biologique était moins souvent infestée par les bactéries et les champignons, n’est-il pas temps de changer complètement les modes de production et de prendre un virage à 360 degrés ? Vive les coquelicots et le bio !
Source(s):
- Communiqué de presse Générations Futures
- Etude Association of Frequency of Organic Food Consumption With Cancer Risk
- L’Obs
- AFP/Relaxnews
- bioalaune.com