Des nématodes emprisonnés dans la glace ont été ramenés à la vie après plus de 40.000 ans. Un record mondial qui atteste des capacités exceptionnelles de survie de cet étonnant animal.
S’ils pouvaient parler, ils nous raconteraient la naissance d’Homo erectus, la vie des mammouths laineux et la dernière grande glaciation européenne. Une équipe de chercheurs russes en collaboration avec l’université de Princeton (États-Unis) viennent de ramener à la vie deux nématodes emprisonnés dans la glace depuis plus de 40.000 ans, soit la fin de l’époque Pléistocène. À ce jour, ces deux vers sont donc les animaux vivants les plus âgés sur Terre.
Leur découverte, publiée dans la revue Doklady Biological Sciences, provient de deux échantillons de glace, l’un prélevé à 30 mètres de profondeur sous le permafrost des rives du fleuve Kolyma, au nord-est de la Sibérie et estimé à 32.000 ans, l’autre issu des bords de l’Alazeya (aussi en Sibérie), à 3,5 mètres de profondeur et daté de 41.700 ans (à plus ou moins 1.400 ans près).
Ramenés à la vie après 42.000 ans emprisonnés dans la glace
Après avoir ramené ces échantillons dans leur laboratoire moscovite, les chercheurs les ont décongelés et y ont trouvé plus de 300 nématodes, dont deux « montraient des signes de viabilité » ont expliqué des chercheurs. Il s’agit de deux vers de genre Panagrolaimus et Plectus. Ils ont alors essayé de les ramener à la vie en les plaçant dans une boîte de Petri à 20 °C avec de l’agar-agar (une algue) et des bactéries E.coli comme nourriture.
Bien qu’une contamination ne puisse être totalement écartée, les chercheurs assurent avoir respecté une procédure de stérilisation très stricte. Il est également exclu que des vers se soient introduits ultérieurement dans le sol. « Les nématodes ne sont pas connus pour creuser si profondément dans le pergélisol, la décongélation saisonnière étant limitée à 80 centimètres de profondeur et la décongélation maximale n’ayant jamais dépassé 1,5 mètre de rondeur en 100.000 ans à cet endroit », affirment les chercheurs.
Congélation, températures extrêmes, irradiations, vide spatial… Ils survivent à tout
Les nématodes avaient déjà, par le passé, montré des capacités de résistance exceptionnelles. En 1946, des scientifiques avaient réussi à ramener à la vie des nématodes dans des échantillons végétaux vieux de 39 ans. Des tardigrades, une espèce proche, ont eux aussi résisté à un séjour de 30 ans dans la glace à -30 °C. Ils sont également capables de végéter plusieurs dizaines d’années en l’absence d’eau, de tolérer des températures allant de -200 °C à +151 °C, de survivre dans le vide spatial ou à des doses de radiations mille fois plus fortes que nous. Les nématodes et tardigrades partagent en effet des gènes à l’origine de protéines qui maintiennent la structure des cellules lorsque celles-ci sont vidées de leur eau.
Mais personne ne soupçonnait jusqu’ici que la durée de conservation soit aussi longue. « Notre découverte montre la capacité d’organismes multicellulaires à survivre à une cryoconservation de plusieurs milliers d’années », s’enthousiasment les chercheurs. Selon eux, les mécanismes de survivance de ces nématodes pourraient ouvrir la voie à des recherches sur la cryogénisation humaine. Ça vous dirait une petite hibernation en attendant de voir à quoi ressemblera la planète dans 42.000 ans ?
Ce qu’il faut retenir
- Des chercheurs sont parvenus à faire revivre des nématodes emprisonnés dans le sol gelé depuis 42.000 ans.
- Ces vers sont à ce jour les plus vieux animaux vivants sur Terre.
- Leur mécanisme de cryogénisation pourrait être exploité pour la recherche médicale humaine.
Source : futura-sciences.com