Le journaliste et politologue, spécialiste du monde arabe, est mort dans la nuit de dimanche à lundi à l’âge de 70 ans. Il avait fondé les Cahiers de l’Orient en 1985, dont il est resté jusqu’à sa mort le directeur. Retour sur une vie marquée par les remous de sa région d’origine.
Pendant toute sa vie professionnelle, Antoine Sfeir fut le pédagogue du monde arabe et musulman. De sa voix chaude teintée de son accent libanais, il savait captiver son auditoire pour raconter le Moyen-Orient.
Né à Beyrouth en 1948, année de la » Nakba » palestinienne et de la fondation d’Israël, Antoine Sfeir commence sa carrière à L’Orient-Le Jour. Sa vie bascule en 1976, au début de la guerre civile libanaise, quand il est enlevé et torturé par des miliciens palestiniens pendant une semaine.
Son visage restera marqué à vie par cette expérience traumatisante.
Partisan du dialogue, ennemi des fanatismes
Un fois libéré, il s’installe en France, où il collabore à plusieurs journaux, comme La Croix ou Le Pélerin… Avant de fonder Les Cahiers de l’Orient en 1985, dont il restera le directeur emblématique jusqu’à sa mort.
Auteur prolifique, il a publié une vingtaine d’ouvrages. Son dernier livre (« L’Islam contre l’Islam, ou l’interminable guerre des sunnites et des chiites ») analysait cette ligne de fracture religieuse, aujourd’hui instrumentalisée par l’Iran et l’Arabie saoudite.
Profondément humaniste, Antoine Sfeir prônait le dialogue entre les cultures et refusait tous les fanatismes… Sans doute, parce qu’il avait lui-même été la victime de cet Orient compliqué et chaotique.
Source : France Inter