L’Assemblée nationale valide la privatisation de la Française des Jeux et d’Aéroports de Paris

Les députés ont autorisé, ce jeudi, la privatisation de la Française des Jeux et d’Aéroports de Paris, malgré les vives critiques de l’opposition. L’État conservera au moins 20% de la FDJ. Le gouvernement n’a pas encore tranché sur le maintien d’une participation dans ADP.

L’Assemblée nationale a autorisé jeudi la privatisation de la Française des Jeux (FDJ) et d’Aéroports de Paris dans le cadre du projet de loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises),  et malgré de vives critiques de l’opposition dénonçant la logique économique de l’opération et les risques accrus d’addiction aux jeux. Ces cessions, auxquelles doit s’ajouter celle d’actifs d’Engie (ex-GDF), doivent servir à alimenter un fonds de 10 milliards d’euros pour l’innovation de rupture.

L’État conservera au moins 20% de la FDJ

L’article du projet de loi qui permet le transfert au privé de la majorité du capital de la FDJ a été adopté en première lecture par 48 voix contre 12. La FDJ est actuellement détenue à 72% par l’Etat, celui-ci devant conserver « au minimum » 20% des parts, selon le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

La FDJ détient en France le monopole des jeux de tirage et de grattage. Le texte maintient ce monopole mais pour une durée limitée à 25 ans. Il pose aussi le principe d’une refonte de la régulation des jeux d’argent et de hasard par ordonnances, celle-ci devant précéder la privatisation.

L’État conservera-t-il une part dans Aéroport de Paris ?

L’Assemblée a également donné son feu vert à l’Etat pour procéder à la vente de tout ou partie des actifs qu’il détient dans Aéroports de Paris (ADP), par 39 voix contre 7. L’État était jusqu’alors tenu par la loi de conserver la majorité des parts du groupe aéroportuaire.

Mais le gouvernement n’a pas encore tranché entre un maintien d’une présence de l’Etat au capital d’ADP ou une cession de l’intégralité de ses actifs, a précisé le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui porte ce texte. La future privatisation d’ADP, qui prendra la forme d’une concession pour 70 ans, sera encadrée par « un cahier des charges strict et contraignant, concernant notamment la régulation des tarifs », a rappelé le ministre.

L’opposition dénonce un « choix stupide », une « vision court-termiste » et un « saut dans le vide »

Choix stupide », « non-sens », « vision court-termiste » : droite et gauche ont vivement critiqué ces projets jugés « dogmatiques » et déraisonnables économiquement. S’il y a cette « coalition », « c’est que nous avons tous le sentiment d’une grande braderie des biens de la nation », a résumé Philippe Gosselin (LR).

Sur la privatisation d’ADP, la présidente du groupe PS Valérie Rabault a lancé : « Vous voulez donner les clefs de Paris à un investisseur privé », ce qui revient à « un saut dans le vide qui ne s’est jamais produit en Europe », selon la présidente du groupe PS Valérie Rabault. Les communistes souhaitent un recours devant le Conseil constitutionnel.

M. le ministre, vous jouez avec le jeu, vous jouez avec le feu » - Le communiste Pierre Dharréville

Concernant le privatisation de la FDJ, Daniel Fasquelle, du groupe Les Républicains, a notamment dénoncé une « opération court-termiste » et Fabien Di Filippo une « aberration économique ». A gauche, l’Insoumis Alexis Corbière s’est dit « radicalement opposé » à cette privatisation qui est « une mauvaise opération » financière, invoquant notamment « les désastres » de l’addiction aux jeux, Régis Juanico (app. PS) appelant aussi à une régulation « puissante ». Les communistes ont exposé des arguments similaires, dénonçant « une erreur qui aura de graves conséquences en terme de santé publique ». « M. le ministre, vous jouez avec le jeu, vous jouez avec le feu », a lancé Pierre Dharréville.

Source : France Bleu