Selon une étude du centre de recherhces, 79 % des retraités verront leur pouvoir d’achat amputé à l’horizon 2020 du fait des mesures du gouvernement, avec une perte moyenne de 400 euros par an au global par ménage. Les plus modestes devraient être épargnés.
Emmanuel Macron l’a clairement annoncé : il faut « arrêter d’emmerder les retraités » . Las ! Il semble que cette mise en garde présidentielle au ton fleuri arrive un peu tard pour le porte-monnaie de ces derniers. Une étude de l’OFCE, parue ce jeudi, confirme que les différentes mesures prises depuis un an par le gouvernement envers cette catégorie de la population vont ponctionner leur pouvoir d’achat : ainsi 80 % des ménages comptant au moins une personne retraitée seront perdants à l’horizon 2020. Au global, la perte moyenne sera de 400 euros par an dans deux ans pour l’ensemble des retraités. « La politique du gouvernement aura des effets massifs qui feront beaucoup de perdants, même si les plus fragiles semblent protégés », affirme Pierre Madec, économiste à l’OFCE et auteur de l’étude.
Pour parvenir à ce résultat, le centre de recherche classé à gauche a repris toutes les mesures égrenées par l’équipe d’Edouard Philippe depuis un an. On retrouve ainsi la hausse de la CSG en 2018, le récent coup de pouce à 300.000 retraités pour les exempter, mais aussi la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des Français , la forte revalorisation du minimum vieilless e et surtout la revalorisation a minima (+0,3 %) des pensions pour 2019 et 2020. A cela, l’OFCE a également ajouté la moindre revalorisation des APL (aides personnelles au logement) qui concernera aussi les retraités.
Impact dominant du quasi gel des pensions
Comment cela se traduit-il pour le porte-monnaie des retraités ? On s’aperçoit que la part de perdants grandit chaque année entre 2018 et 2020 : ils représentent 62 % des ménages comptant au moins un retraité cette année, puis 73 % l’an prochain et enfin 79 % dans deux ans. Même évolution en montants sonnants et trébuchants : la perte moyenne par année n’est que de 20 euros en 2018, puis 200 euros en 2019 et 400 euros en 2020.
Ces chiffres traduisent l’impact dominant de la mesure de quasi gel des pensions annoncée fin août par Edouard Philippe . L’étude détaille ainsi le sort des 79 % de ménages perdants d’ici deux ans. Leur perte moyenne est estimée à 700 euros à cet horizon. Or cette perte s’explique quasi uniquement par la désindexation des pensions, puisque la suppression de la taxe d’habitation fait plus que compenser la hausse de la CSG, conformément à ce que promettait le gouvernement.
Niveau de perte discutable
Toutefois, le niveau exact de perte pourra être discuté. L’OFCE se base en effet sur une inflation à 1,6 % les deux années, alors que l’exécutif estime qu’elle devrait se réduire à 1,3 % en 2019, ce qui devrait réduire la perte liée à la désindexation. Par ailleurs, cette moyenne est tirée vers le haut par les ménages les 10 % les plus aisés (le 10e décile en jargon statistique) qui affichent une perte moyenne de 1.270 euros. Or l’étude ne tient pas compte de la réforme de la fiscalité du capital ( ISF , « flat tax » ) qui devrait leur bénéficier.
Du côté des gagnants - ils représenteront 21 % de cette population en 2020 -, le gain moyen serait de 700 euros en moyenne. Ces ménages bénéficieront à plein de la suppression de la taxe d’habitation mais aussi de la forte revalorisation du minimum vieillesse. Ceci explique que les 20 % de ménages les plus modestes ne pâtiront pas en moyenne des réformes du gouvernement. « En revanche, au-dessus de ce seuil, il y a au moins 80 % de perdants dans les ménages », souligne Pierre Madec.
Reste à charge zéro
Cette étude devrait nourrir le débat déjà soutenu autour du pouvoir d’achat. Sur les retraités, la majorité fait valoir que d’autres mesures devraient aussi être prises en compte, notamment la réforme du « reste à charge zéro » sur les soins dentaires, auditifs et optiques qui devrait largement bénéficier à cette catégorie de population. Mais le sort fait aux retraités complique le message gouvernemental, qui promet depuis quelques jours une baisse d’impôts de 6 milliards à tous les Français en 2019 grâce à ses mesures budgétaires.
Source : Les Echos