Épinglés par l’ex-député René Dosière, plusieurs ministres se défendent des hausses de salaire au sein de leur cabinet.
Certains ministres ont-ils trop augmenté les conseillers de leur cabinet ? C’est en tout cas l’accusation que porte l’ancien député René Dosière, spécialiste du contrôle de l’argent public, qui scrute chaque année les documents budgétaires publiés par le gouvernement pour « faire parler les chiffres ».
Cette année, s’il n’a pas relevé de hausse globale démesurée des rémunérations dans son rapport publié vendredi, il a cependant épinglé plusieurs ministres ou secrétaires d’Etat, qui n’ont pas forcément apprécié les résultats de l’ancien député. L’Express revient sur cette polémique.
- Que dit l’ancien député René Dosière ?
Sur son blog, l’ancien député a montré, d’une part, que l’augmentation des effectifs était très limitée. Notamment parce que le nombre de ministères est resté stable, et parce qu’Emmanuel Macron avait signé un décret en 2017 limitant à dix le nombre de conseillers pour un ministre, huit pour un ministre délégué et cinq pour un secrétaire d’Etat. Avec 1,6 % de hausse totale, et 4 % pour les seuls conseillers ministériels, les effectifs des cabinets du gouvernement Philippe restent « parmi les plus faibles des cabinets ministériels de la Ve République », note René Dosière.
A première vue, même constat du côté de la rémunération, qui ne progresse que de 2,6% entre 2017 et 2018, bien loin de la hausse de 20,5% observée entre 2016 et 2017. En moyenne, elle s’élève à 9 318 euros bruts mensuels pour les conseillers.
Mais l’ancien député épingle 12 ministère dans lesquels le salaire moyen d’un conseiller progresse « dans des proportions choquantes, voire scandaleuses », notamment « au vu de la politique salariale dans la fonction publique ».
- Quels sont les ministres concernés ?
René Dosière évoque notamment le cas des ministères du Travail (+ 7,1%), de l’Outre-mer (+ 10,1%), de l’Agriculture (+ 10,2%) ou encore des Affaires étrangères (+ 17,2%). Mais ce sont les cabinets du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, et de la secrétaire d’Etat à l’égalité hommes-femmes, Marlène Schiappa, qui affichent les plus importantes augmentations selon l’ex-député.
Les conseillers du premier ont connu une hausse de leur rémunération brute moyenne de 49,1% entre 2017 et 2018 ; ceux de la seconde, une hausse de 25,9%. Les rémunérations moyennes dans ces cabinets s’élèvent respectivement à 9 179,7 et 9 078,8 euros mensuels, loin derrière les salaires perçus dans les cabinets des ministères de la Santé (11 084), du Travail (10 563 euros), ou de la Justice (10 286 euros). Ces derniers sont cependant stables, voire en baisse.
Capitalavait de son côté relevé une augmentation de 86% pour le cabinet de Benjamin Griveaux. On peut en effet trouver ce chiffre si l’on part du principe que le cabinet de Benjamin Griveaux comptait 5 conseillers en 2017, comme en 2018, comme cela est indiqué dans les documents budgétaires. Mais la rémunération globale indiquée dans ces mêmes documents pour 2017 ne concerne que 4 personnes. Sur la base de cet effectif, on obtient bien le résultat de René Dosière de 49% de hausse.
- Qu’ont répondu les intéressés ?
Benjamin Griveaux a fermement démenti sur Europe 1 l’augmentation de 86% calculée par Capital. Il nie également l’exactitude du résultat de René Dosière et ne reconnaît qu’une augmentation de « 27% ».
« Ça avait été calculé avec quatre conseillers pour mon prédécesseur [Christophe Castaner], quand il en avait cinq. Moi j’en ai cinq, comme me l’autorise le plafond fixé par le Premier ministre », argue-t-il. « C’est donc 27% d’augmentation. Pourquoi ? Parce que mes conseillers sont plus expérimentés et plus âgés que les conseillers qui étaient là auparavant. »
Marlène Schiappa a elle aussi estimé que l’augmentation qui lui était reprochée était sur-estimée, et n’a admis une hausse que de « 10 ou 15% ». Surtout, la hausse du montant total des rémunérations s’expliquerait par le changement de sa directrice de cabinet en septembre 2018, la nouvelle n’étant « pas rémunérée sur la base de l’administration ». Il aurait donc fallu rajouter cette ligne au budget du cabinet, faisant augmenter de façon mécanique les rémunérations versées en 2018.
Les quatre conseillers de Marlène Schiappa et quatre des cinq de Benjamin Griveaux sont recrutés sur contrat. Autrement dit, leur rémunération est déterminée directement par leur ministre ou secrétaire d’Etat.
Source : https://www.lexpress.fr