Plusieurs femmes témoignent sur les réseaux sociaux d’agressions sexuelles subies dans la foule, pendant la célébration de la victoire des Bleus, à Paris et dans les autres grandes villes. Quelques-unes d’entre elles se confient auprès de LCI.
Une célébration au goût amer. La seconde étoile des Bleus à peine décrochée, dimanche 15 juillet, les rues des grandes villes de France se sont transformées en fête à ciel ouvert. Des scènes de liesse qui, pour certaines jeunes femmes, ont viré au cauchemar.
Tard dans la nuit, une internaute a entrepris de compiler les témoignages d’agressions sexuelles subies par des supportrices dans la foule, principalement à Paris. LCI a contacté plusieurs de ces femmes, qui détaillent ce qu’elles ont vécu. Il apparaît que pour certaines, les violences ont commencé dès le début du match.
Je vous laisse observer la soirée horrible que la délicatesse masculine à fait passer à beaucoup trop de femmes hier soir…
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— Kateya (@KateyaV) 16 juillet 2018
C’est le cas pour Eva, 19 ans bientôt. Avec deux amis, elle assiste au sacre des Bleus depuis la fan zone du parc Chanot, à Marseille, où elle est arrivée en avance. « L’endroit s’est rempli rapidement et les gens se collaient » nous explique-t-elle. « J’entendais rigoler derrière moi mais c’est à partir du troisième but que ça a commencé à dégénérer. Un des jeunes derrière moi a dit : ‘au prochain but, elle est pour moi’. Je ne pouvais pas trop bouger à cause de la foule, donc j’ai décidé de ne rien faire. Puis la France a marqué, tout le monde a commencé à sauter, et j’ai senti deux mains se poser sur ma taille puis descendre sur mes fesses. Je me suis retournée pour voir qui avait fait ça et j’ai reçu une tape sur le crâne. J’ai aperçu alors le jeune garçon et ses amis qui étaient derrière moi au début du match. Je lui ai mis deux claques, je lui ai crié dessus, mais il n’a pas réagi. » Elle ajoute que « les gens autour » d’elle n’ont pas jugé bon d’intervenir.
De son côté, Rose (prénom d’emprunt), a regardé le match depuis la fan zone parisienne. Mais l’incident qu’elle décrit s’est déroulé plus tard dans la soirée. « Avec un groupe d’amis, on se dirigeait vers les Champs Elysées. Mais au niveau de la station Charles-de-Gaulle-Etoile, on s’est retrouvé au milieu d’un mouvement de foule et des fumigènes. Un peu plus loin, les policiers commençaient à gazer les bagarreurs, du coup, je me suis retrouvée à ne plus pouvoir ouvrir les yeux. Une copine m’a aidée à m’éloigner et c’est à ce moment là qu’un homme s’est collé derrière moi. » Elle explique : « J’étais un peu penchée en avant, appuyée sur ma copine. Par derrière, il m’a mis une main aux fesses et m’a caressé le sexe. Je ne pouvais rien faire parce que j’avais du mal à respirer. Par miracle, un ami l’a vu et lui a dit de dégager. Je me suis retournée et j’ai vu son visage. »
Aurélie, quant à elle, a terminé sa soirée dans le quartier Hôtel de Ville. La jeune femme de vingt ans indique à LCI : « Vers minuit trente, je me suis mise en route pour attraper le dernier métro. Je traçais ma route au niveau des magasins BHV, lorsqu’un groupe de cinq garçons environ m’est tombé dessus. Je ne les avais pas vu venir. L’un d’entre eux m’a attrapé en dessous des genoux pour me porter, je ne comprenais pas trop ce qui se passait, parce que j’avais mes écouteurs dans les oreilles et que j’avais un peu bu. J’ai essayé de me débattre mais j’avais peur de tomber, alors ils me disaient de me tenir. J’ai entendu des trucs obscènes, j’ai senti des mains qui me touchaient. Ils m’ont reposée, puis m’ont attrapée comme pour me faire une accolade, un câlin, mais je les ai repoussés et j’ai voulu partir. A ce moment là, l’un d’entre eux m’a saisie par le bras et j’ai vraiment dû me débattre parce qu’il ne me lâchait pas. Il m’a dit de lui faire un bisou, j’ai refusé, je crois même que je l’ai griffé. Je suis partie complètement en panique et j’ai appelé mes amis pour qu’ils viennent me chercher. »
A Lyon, enfin, Marie (prénom d’emprunt) a décidé de s’exfiltrer de la fan zone située place Bellecour, après avoir reçu un pétard sur l’épaule. « En sortant de la foule, plusieurs personnes m’ont attrapé les fesses, au moins quatre, cinq fois », témoigne la jeune femme de 18 ans, qui était accompagnée à ce moment-là d’une amie. « Ensuite, une fois le match terminé, un homme a attrapé mon cou et m’a embrassée sur la joue. Je l’ai repoussé en lui disant d’arrêter et il a dit : ‘c’est bon, on a gagné, faut fêter ça.’ Quelques minutes après, il faisait la même chose à d’autres femmes. »
Parmi les femmes qui témoignent aujourd’hui pour LCI, aucune n’a porté plainte pour agression sexuelle. Rose nous dit : « Porter plainte contre X, ça servirait à quoi ? Je pourrais vous décrire le mec parfaitement, mais j’ai pas de nom. » Quant à Aurélie, elle « ne se souvient d’aucun visage ». Marie présume qu’une plainte « n’aboutirait pas ». Contactée par LCI lundi soir, la préfecture de police de Paris indique n’avoir reçu aucune plainte pour agression sexuelle qui se serait déroulée le soir de la finale. Toutefois, mardi dans l’après-midi, LCI apprenait de source judiciaire que deux arrestations avaient été opérées après le défilé sur les Champs.
Source : LCI