Huit ans après le viol dont elle accuse Tariq Ramadan, « Christelle » nous livre son récit de cette terrible nuit mais aussi celui des années qui ont suivi et du calvaire psychologique qu’elle a enduré, la réduisant au silence et la poussant au suicide.
La peur et la honte. Comme de nombreuses victimes d’agressions sexuelles ou de viols, Christelle* n’a pas tout de suite réussi à parler après le viol dont elle affirme avoir été la victime en 2009 par Tariq Ramadan. Finalement, elle aura mis 8 ans à pouvoir sortir de son silence.
Dans un long entretien à Marianne, cette femme de 42 ans, la deuxième à avoir porté plainte pour viol contre le prédicateur, détaille aujourd’hui sa rencontre avec Tariq Ramadan, puis l’effroyable viol qu’elle dit avoir subi, et enfin les terribles années qui ont suivi.
« Une pression psychologique cruelle, très intense, qui m’a amenée à une tentative de suicide »
« Pendant trois ans, il a continué à me harceler psychologiquement », raconte-t-elle au sujet de l’homme dont elle a eu le sentiment que « c’était vraiment l’idée de violer qui lui plaisait ». Harcèlement, pressions, coup de téléphones anonymes, menaces, filatures : Christelle décrit « une pression psychologique cruelle, très intense, qui m’a amenée à une tentative de suicide ».
En novembre 2009, soit peu après l’agression dont elle s’affirme victime, la jeune femme avait pourtant essayé d’affronter celui qu’elle craignait tant, lors d’une émission de Frédéric Taddeï dont Tariq Ramadan était l’invité. C’est là qu’elle rencontre notre chroniqueuse Caroline Fourest, à laquelle elle se confie une première fois. Avec l’intention, à l’époque, de porter plainte.
« J’arrête tout »
Mais Christelle ne parvient pas à aller plus loin. « Arrivée devant deux policiers à l’entrée du commissariat, je leur ai dit : ‘Je viens porter plainte. J’ai été violée par Tariq Ramadan’. Ils m’ont dévisagée (…), j’avais l’air d’une folle. Je me suis mise à pleurer et je suis repartie ». Et puis il y a eu cette phrase, qu’un homme vient lui glisser à une terrasse : « Arrête tout ou tu finiras suicidée dans la Seine ». C’est ce jour-là que Christelle appelle Caroline Fourest pour lui dire « J’arrête tout ».
Il aura fallu donc huit ans, et le témoignage de la première femme à accuser publiquement Tariq Ramadan, Henda Ayari (qui est aujourd’hui sous protection policière) pour déclencher ce nouveau déclic : « Je me suis dit : ‘Maintenant faut y aller. Tu ne peux pas la laisser toute seule’. »
En intégralité« C’est l’idée de violer qui lui plaisait » : la deuxième victime de Tariq Ramadan nous raconte son supplice
*Le prénom a été changé
Source : marianne.net