Les plastiques biodégradables apparaissent comme la solution idéale… s’ils étaient réellement biodégradables. Le rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP, United Nations Environment Programme en anglais) révèle une supercherie.
Le plastique biodégradable… la solution idéale au désastre environnemental ? C’est sans compter le gouffre entre le concept marketing et la biodégradabilité effective du produit.
L’ennemi numéro un
8 millions de tonnes de déchets plastiques déversés dans l’océan chaque année selon l’ONU. 1 200 particules plastiques par litre dans les glaces de l’Océan Arctique, montrent les scientifiques de l’AWI. Un continent de plastique couvrant près de 6 fois la France dans le Pacifique Nord, qui s’accroît de 80 000 km2 par an.
« Le plastique tue plus de 1,5 million d’animaux par an. » alerte Laurence Maurice, de l’Institut français de recherche pour le développement.
Y a-t-il besoin d’autres preuves que le plastique est l’ennemi numéro un de l’environnement ? Et pourtant, en Europe, 30 % des déchets plastiques sont recyclés, en moyenne. Alors que leur dégradation peut prendre entre 100 et 400 ans, 80 % des sacs plastiques ne sont ni triés ni recyclés.
Une solution en toc
Les plastiques biodégradables apparaitraient alors comme la solution idéale… s’ils étaient réellement biodégradables. Mais le rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP, United Nations Environment Programme en anglais) révèle une supercherie. Même si le plastique à base de pétrole domine toujours le marché, des plastiques produits à partir de ressources renouvelables se répandent de plus en plus dans nos sociétés. Ils sont commercialisés comme « biodégradables » ou « biosourcés ».
Cependant, un petit détail nécessaire à leur décomposition n’est pas mentionné… et il fait toute la différence.
« En réalité, la majorité des plastiques biodégradables ne se dégradent qu’à des températures très élevées. Les usines d’incinération répondent à ces conditions mais ça n’est pas le cas dans l’environnement. » explique le rapport.
Certains plastiques biodégradables sont fabriqués à partir de pétrole ou d’une combinaison de ressources pétrolières et biosourcées. Or, « certains polymères biosourcés, tels que le polyéthylène (PE) issu du bioéthanol, ne sont pas biodégradables. »
De plus,
« Même les bioplastiques issus de sources renouvelables telles que l’amidon de maïs, les racines de manioc, la canne à sucre ou la fermentation bactérienne du sucre ou des lipides (PHA) ne se dégradent pas automatiquement dans l’environnement et surtout pas dans l’océan. »
Les impératifs
Dans un contexte où les enjeux environnementaux sont devenus impossible à nier, vendre des produits dit « écologiques » est devenu un impératif pour les entreprises de l’agroalimentaire, du textile, et d’autres secteurs économiques. D’où une exploitation du « bio », qui est passé d’une production naturelle sans intrants d’origine fossile à un argument marketing.
Pour l’UNEP, « un meilleur étiquetage et une meilleure information des consommateurs sont essentiels. » Ceux–ci doivent être capable de comprendre que le terme « biosourcé » fait référence à l’origine de la ressource utilisée pour fabriquer un produit. Il ne désigne en aucun cas la façon dont le produit réagit une fois entreposé dans l’environnement après utilisation.
Les gouvernements ont donc un rôle à jouer. Ils doivent faire en sorte qu’une distinction claire soit faite entre et les plastiques compostables industriellement et les plastiques réellement compostables à domicile ou dans la nature. Il faudrait en outre remédier à une absence de régulation de plus en plus flagrante, qui autorise une production frénétique de plastique.
Enfin, les habitudes de consommation peuvent être changées. D’après l’organisation « A plastic planet », 40 % du plastique fabriqué dans le monde sert à l’emballage. Le magasin Ekoplaza et son rayon alimentaire garantit sans plastique montrent que d’autres alternatives sont viables.