Cet été, on revient sur les grands escrocs qui ont marqué leur époque, avec Pierre Lunel, auteur d’un livre sur le sujet. Aujourd’hui, l’histoire de l’abbé Saunière et du trésor de Rennes-le-Château, qui n’aurait jamais existé.
Un curé escroc et un trésor jamais retrouvé, l’affaire est suffisamment rare pour faire partie des grands faits divers. Elle commence en 1885 à Rennes-le-Château, un petit village haut perché près de Carcassonne. Le 22 mai, l’abbé Saunière, prêtre érudit à la grande vocation religieuse et adepte des messes en latin, est nommé curé de ce village pauvre et délabré, où les vitraux cassés de l’église sont remplacés par des planches vermoulues.
Relations sulfureuses et rumeurs de trésor caché
En 1886, grâce à un don inespéré de 3.000 francs de la part de la comtesse de Chambord, l’abbé décide de rénover la petite église. Pendant les travaux, un escalier secret est découvert, menant à une dalle frappée de l’emblème d’un chevalier. Dès lors, l’abbé, qui rêve de grandeur, interdit à quiconque d’y accéder. Aurait-il trouvé là un trésor? Les villageois commencent à jaser.
Les médisances sont d’autant plus insistantes qu’un autre sujet occupe les cancaneries du village: l’abbé vient d’embaucher une jeune fille comme gouvernante, Marie Denarnaud. Tous deux se montrent très proches. Elle restera d’ailleurs à ses côtés jusqu’à sa mort, en 1917. Le couple officieux, convaincu qu’un trésor se cache quelque part dans ces terres, se met à fouiller la nuit les alentours de l’église, et même le cimetière du village.
Un trafic de messes à l’échelle de l’Europe
Pour certains, l’affaire commence à sentir le diable… Dans les temps qui suivent, le curé devient d’ailleurs subitement riche. A-t-il trouvé un trésor? A-t-il passé un pacte sulfureux? A l’époque, on est tenté de le croire. Pourtant, il n’en serait rien. L’homme aurait tout simplement organisé… un “trafic de messes”. Il aurait détourné à des fins personnelles l’argent envoyé par des fidèles et des congrégations de toute l’Europe pour qu’il prononce sur le sol sacré et mystérieux de Rennes-le-Château tantôt une messe pour un défunt, pour un malade, ou pour bénir un nouveau-né… Selon certains spécialistes, jusqu’à 100.000 offices auraient été payés sans jamais avoir été prononcés.
En 1917, son coeur le lâche dans la tour médiévale qu’il a fait construire sur son domaine, la tour Magdala. Le médecin est appelé à la rescousse, mais il est déjà trop tard. Un curé est alors appelé pour lui administrer l’extrême onction, et recueillir l’ultime confession de l’abbé. Fait extraordinaire: le curé refuse de lui donner l’absolution. Quel aveu indicible l’abbé Saunière lui a-t-il fait avant de mourir, pour se voir refuser ainsi l’aide de Dieu? Cela reste à ce jour un des secrets de l’histoire de Rennes-le-Château.
« Les plus grands escrocs de l’Histoire » de Pierre Lunel, Ed. First, 317 pages, 17,95 euros.
Source : BFMTV