D’après une étude européenne publiée ce vendredi, la pollution de l’air est telle dans les grandes villes du continent qu’y passer quelques jours équivaut à fumer entre une et quatre cigarettes.
Plus besoin d’être attablé à côté d’un fumeur invétéré pour être victime de tabagisme passif. La pollution de l’air est telle dans les capitales européennes qu’il suffit d’y déambuler quelques jours pour respirer l’équivalent en composés toxiques de plusieurs cigarettes.
C’est ce qu’affirme une étude de l’association européenne Transport et environnement publiée ce vendredi. L’ONG a comparé la contamination aux particules fines des dix grandes villes européennes les plus touristiques en la convertissant en nombre de cigarettes fumées.
C’est un institut américain baptisé Berkeley Earth qui est à l’origine de cette méthode de calcul. Il en ressort que respirer 22 microgrammes/m3 de particules fines a les mêmes effets sanitaires que de fumer une cigarette. Résultat : visiter Paris pendant quatre jours aurait le même impact sur vos poumons que si vous consommiez deux cigarettes. L’exposition est supérieure à Londres (2,75), à Milan (trois) à Istanbul et à Prague (4).
183 cigarettes par an pour un Parisien
Si l’on extrapolait ces résultats à l’échelle d’une année pour évaluer ce que respire un Parisien, ce serait l’équivalent de 183 cigarettes ! « Quand la pollution de l’air est élevée, il est recommandé d’éviter de manger ou de pratiquer du sport en extérieur, note Jens Muller, coordinateur des dossiers qualité de l’air au sein de l’ONG Transport et Environnement. Mais passer ses vacances dans une ville consiste essentiellement à marcher et à déjeuner en terrasse. Au regard des impacts de la pollution de l’air sur la santé, c’est comme si on obligeait les touristes à fumer, y compris les enfants ».
Cette étude tombe à point nommé quelques jours après une sévère pollution à l’ozone. Liée à la canicule, elle a touché l’Ile-de-France, l’Est, la vallée du Rhône et les Alpes et provoqué selon les médecins une augmentation des rhinites et des crises d’asthme.
« Les touristes sont de plus en plus sensibles à cette problématique quand ils choisissent une destination car ils ne veulent pas mettre en péril leur santé, souligne Jens Muller. Certains ont par exemple renoncé à se rendre dans de grandes villes chinoises comme Hong Kong ou Pékin à cause de la pollution ». D’après une étude de la commission européenne, la qualité de l’air est la principale préoccupation environnementale des citoyens de l’UE, juste après le changement climatique.
MÊME LES GRANDS PARCS AMÉRICAINS SONT POLLUÉS
D’après les chercheurs de l’université de l’Iowa et de celle de Cornell, le niveau d’ozone dans le parc de Yellowstone serait très élevé. AFP/Mladen Antonov
Des paysages à couper le souffle, des canyons grandioses, des forêts de séquoias géants… Chaque été, plusieurs millions de touristes se ruent dans les grands parcs nationaux américains. Mais se doutent-ils que la pollution de l’air y est souvent aussi sévère qu’en pleine ville ?
D’après une étude réalisée par des chercheurs de l’université de l’Iowa et de celle de Cornell, le niveau d’ozone détecté dans des parcs comme Yellowstone ou Yosemite est aussi mauvaise que dans certaines des plus grandes villes du pays. « Même si ces parcs sont supposés être des icônes de paysages parfaits, beaucoup de visiteurs y sont exposés à des niveaux d’ozone qui pourraient être préjudiciables à leur santé », prévient l’un des auteurs de l’étude qui souligne d’ailleurs que le nombre de touristes peut chuter jusqu’à 8 % dans certains parcs pendant les mois où la pollution y est la plus élevée.
« Les parcs sont sous le vent de nombreuses sources de pollution, notamment l’agriculture, l’industrie, les principales autoroutes et les polluants urbains en provenance de la baie de San Francisco » préviennent sur leur site Internet les responsables du parc Sequoia and king’s canyon. Des responsables qui ne cachent pas que cette pollution peut avoir, en plus des effets sanitaires sur les visiteurs, des conséquences sur la nature. « Les polluants atmosphériques transportés dans le parc peuvent nuire aux ressources naturelles et panoramiques telles que les forêts, les sols, les cours d’eau, les poissons, les grenouilles et la visibilité ».
Source : leparisien.fr