La Grèce retrouve son « indépendance financière »… mais à quel prix !

La Grèce retrouve ce lundi 20 août sa souveraineté financière… au prix de 450 réformes sociales et l’appauvrissement durable de sa population.

Le premier jour du reste de leur vie. Ce lundi 20 août, la Grèce retrouve officiellement sa souveraineté financière. Le troisième plan de l’aide octroyée par le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne - 15 milliards d’euros tout de même - arrive en effet à son terme. « Un nouvel horizon se profile« , s’est félicité le gouvernement d’Alexis Tsipras. Sans doute, mais à quel prix. Pendant huit ans, le peuple hellène s’est vu imposer de nombreuses réformes sociales douloureuses, en échange du soutien financier de la « Troïka ».

Depuis sa quasi-faillite fin 2009, la Grèce a connu huit années de récession. Le PIB a chuté de 25% et le chômage a atteint un temps les 28%. En échange d’un prêt impressionnant de 274 milliards d’euros, le FMI et l’Union européenne ont imposé une potion extrêmement amère à la population. Le Parlement grec a voté pas moins de 450 réformes structurelles ! Les impôts de la moitié la plus pauvre de la population ont ainsi augmenté de… 339%, les 10% les plus en difficulté perdant même 86% de leur revenu. Le salaire minimum a baissé de 200 euros, pour s’établir à 683 euros par mois, tout comme les indemnités de licenciement, tandis que les périodes d’essai ont été considérablement étendues. Des mesures qui permettent à certaines petites entreprises de continuer à prospérer.

Baisse drastique des retraites… mais pas du chômage

Les retraités ont également été mis à contribution : la pension moyenne a baissé de 40% depuis 2010, pour s’établir à 633 euros par mois. En 2022, l’âge de départ en retraite sera porté à 67 ans. L’allocation de solidarité pour les retraites inférieures à 700 euros sera bientôt supprimée. Alors que la Grèce avait un des taux de suicide les plus bas d’Europe en 2009, celui-ci a augmenté de 35% en huit ans. Cinq des huit hôpitaux psychiatriques ont fermé, mais le pourcentage des internements forcés sur le total des hospitalisations a explosé : 67,5, contre 12,3% en France. Vertigineux.

La Grèce retrouve aujourd’hui une indépendance toute relative. Elle doit rembourser les prêts octroyés par la Troïka, alors que son taux de chômage dépasse toujours les 21%, et atteint même 48% pour les moins de vingt-cinq ans. Plus de 300.000 jeunes ont quitté le pays depuis le début de la crise.

Source : Marianne