La Sécurité sociale dégagera un excédent de 700 millions d’euros en 2019 selon le budget présenté mardi par le gouvernement, qui prévoit également d’importantes économies sur l’Assurance maladie, les retraites et les allocations familiales.
Même si la dette perdure, c’est la fin d’une époque: le gouvernement a présenté mardi un budget 2019 de la Sécurité sociale en excédent pour la première fois depuis 18 ans, au prix d’un coup de rabot sur les pensions de retraites et les allocations familiales. Le fameux «trou de la Sécu» n’est pas encore comblé mais en attendant l’extinction de la dette sociale prévue pour 2024, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019 restera comme celui de la fin des déficits.
La Sécurité sociale est attendue en excédent de 700 millions d’euros «pour la première fois depuis 2001», selon le texte de présentation du budget que la ministre de la Santé Agnès Buzyn et le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin ont détaillé devant la presse. A l’époque, le gouvernement Jospin avait évoqué une «cagnotte», restée célèbre. Tous ses successeurs ont promis de rétablir l’équilibre des comptes de la Sécu, sans succès.
Pour arriver finalement à ce résultat l’année prochaine, les pensions de base versées par l’Assurance vieillesse et les prestations familiales vont être revalorisées de 0,3%, alors que l’inflation est attendue à 1,6% cette année, ce qui équivaut à une économie de 1,8 milliard d’euros pour la Sécu. S’y ajoutent 3,8 milliards de maîtrise d’économies dans l’Assurance maladie, un montant proche des années précédentes et réparti entre l’hôpital, la médecine de ville et l’industrie pharmaceutique. Les patients refusant sans justification médicale des médicaments génériques seront notamment moins bien remboursés à partir de 2020, sur la base du prix du générique.
Cascade de mesures
Déjà cette année, une forte réduction du déficit avait été observée: au lieu de 2,2 milliards d’euros prévus dans le projet de budget pour 2018, il est désormais attendu autour de 400 millions, selon la Commission des comptes de la Sécurité sociale pour qui, «sans mesures nouvelles», il replongerait à 3 milliards l’an prochain. Même si le déficit 2018 pourrait être révisé en hausse à cause du ralentissement de la croissance et de l’emploi, le PLFSS 2019 a pu être préparé sous de bons auspices.
Cette manne annoncée sera bienvenue pour concrétiser les quatre grands plans dévoilés ces derniers mois par l’exécutif, en faveur des Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), du «reste à charge zéro» sur certains soins (optique, dentaire, audioprothèses), contre la pauvreté et sur la «transformation» du système de santé. Sans oublier d’autres mesures qui font encore grimper l’addition: revalorisation du minimum vieillesse, «correction» de la hausse de CSG pour 350 000 retraités modestes, exonération de cotisations sur les heures supplémentaires, suppression du «forfait social» sur l’intéressement dans les PME… Une cascade de mesures ont été annoncées par le gouvernement.
Rallonge de 400 millions
S’y ajoutent un coup de pouce pour la garde d’enfants handicapés, l’allongement du congé maternité pour les travailleuses indépendantes, des recrutements de personnels dans les Ehpad (125 millions) et des crédits pour y augmenter le nombre d’infirmiers de nuit. Pour financer une partie de ses promesses, le gouvernement a décidé de desserrer l’étau budgétaire sur les dépenses de santé, qui augmenteront de 2,5% au lieu des 2,3% programmés, soit une rallonge de 400 millions d’euros. Si elles n’étaient pas freinées, les dépenses de santé évolueraient spontanément de 4,5%. Il s’agit notamment de créer des postes d’«assistants médicaux» et d’inciter au regroupement des médecins de ville en cabinets ou en communautés professionnelles territoriales de santé.
Par ailleurs, conformément à une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, le crédit d’impôt compétitivité emploi est transféré en baisses de cotisations. Le montant de ce transfert est évalué à plus de 20 milliards d’euros qui seront compensés par des recettes équivalentes de TVA.
Source : Libération