Fraude fiscale: La justice prévoit de juger les Balkany pendant six semaines, à partir de mai 2019

Patrick et Isabelle Balkany sont soupçonnés d’avoir dissimulé au fisc un patrimoine de 13 millions d’euros, disséminé entre la France, l’île de Saint-Martin et le Maroc…

  • Patrick et Isabelle Balkany vont être jugés pour « fraude fiscale ».
  • Ce mardi, la justice a fixé les dates de leur procès du 13 mai au 20 juin 2019.
  • Ils comparaîtront durant six semaines aux côtés de quatre autres prévenus.
  • Ils menacent déjà de ne pas venir à leur procès, leur avocat étant souffrant.

Vingt-deux audiences. Quatre après-midi par semaine pendant un mois et demi. Patrick et Isabelle Balkany seront jugés du 13 mai au 20 juin 2019, notamment pour « fraude fiscale aggravée et blanchiment habituel ». Les dates ont été fixées, ce mardi matin, lors d’une audience devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Soucieux de ne pas « interrompre le cours de la justice », le tribunal a refusé aux époux Balkany de bénéficier d’un délai supplémentaire afin de permettre à Grégoire Lafarge, leur avocat historique, de se remettre d’un grave accident de santé survenu juste avant l’été.

Amateur de havane à la voix de stentor, le maire (LR) de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) et sa première adjointe – qui n’est autre que son épouse – devront donc se défendre durant six semaines d’avoir dissimulé au fisc un patrimoine estimé, par l’accusation, à 13.006.052 euros. Alors que le couple a souvent prétendu vivre dans un simple deux-pièces de 34m² loué dans sa ville, les magistrats instructeurs ont estimé qu’ils avaient eu recours à des « prête-noms » et des « structures offshore » pour se constituer, selon eux, un patrimoine, sur l’île de Saint-Martin et au Maroc notamment, sans jamais le déclarer aux impôts.

Les initiales « P.B. » sur les peignoirs de bain du riad

Coûte que coûte, le couple a toujours nié les faits. Mais le diable s’est niché dans les détails de l’enquête menée, pendant cinq ans, par Renaud Van Ruymbeke et Patricia Simon. Comme sur ces peignoirs de bain brodés des initiales « P.B. » et découverts, lors d’une perquisition, dans le riad « Dar Gyucy » de Marrakech (Maroc).

Certes, cela ne constitue par une preuve de propriété, les initiales « P.B. » pouvant renvoyer tout aussi bien à Paul Bismuth qu’à Patrick Bruel. Mais pourquoi alors Isabelle Balkany a-t-elle dépensé des milliers d’euros en décoration et en ameublement si elle n’était que « locataire » des lieux ? Et pourquoi le majordome du riad a-t-il indiqué aux enquêteurs qu’il s’agissait d’une « maison de famille » où les Balkany posaient leurs valises « 4 à 5 fois par an » ?

Des travaux à 72.000 euros dans la cuisine de la villa

Au Maroc comme à Saint-Martin, le petit personnel peut, parfois, se montrer ingrat. Furieux d’avoir été viré pour avoir organisé une fête en l’absence des « patrons », le gardien de la villa Pamplemousse a, lui aussi, balancé les Balkany aux enquêteurs, expliquant qu’il devait entretenir la luxueuse villa située dans les Antilles, les grosses cylindrées Nissan et même un camion à benne qui dormaient dans le garage en attendant l’arrivée du maire de Levallois. « M. Balkany était propriétaire puisqu’il se comportait de la sorte en nous donnant des instructions. C’est la vérité, je ne peux pas le cacher. »

Quand bien même, les enquêteurs disposaient déjà de quelques éléments grâce aux 22 commissions rogatoires internationales lancées par les magistrats. Passant par le Panama, Singapour, la Suisse et le Liechtenstein, le montage financier de la villa Pamplemousse était bien complexe mais Patrick Balkany a fait l’erreur de signer lui-même un bon pour des travaux à 72.000 euros pour refaire la cuisine et surtout de payer l’assurance de type « multirisque habitation »…

Sept abonnements à Canal + pour deux logements

Autant d’indices remontés dans les filets des enquêteurs. Plongeant dans les affaires des Balkany, ils ont trouvé quelques bizarreries pour un couple qui ne déclarait que deux logements. Exemples : pourquoi disposaient-ils ainsi de sept abonnements à Canal + ? Comment ont-ils pu verser 195.733 euros de salaire pour leurs employés à domicile, en 2012, alors qu’ils n’ont officiellement déclaré que 143.000 euros de revenus la même année ?

Lors de sa cinquième audition par les juges, Isabelle Balkany a fini par reconnaître qu’ils possédaient bien la villa Pamplemousse. Patrick, lui, a attendu qu’on lui mette sous les yeux des documents transmis par le Liechtenstein pour admettre qu’il avait bien « détenu des fonds occultes ». Mais expliquant que les liasses de liquide – qu’il planquait jusque dans les poches de sa robe de chambre, selon une employée de maison – provenaient d’un héritage de sa « famille juive de commerçants », le maire de Levallois a refusé de répondre aux questions des magistrats.

« Je n’ai pas d’agenda. Je n’ai aucun souvenir des dates. En plus, je considère que c’est une intrusion dans ma vie privée. » Une intrusion qui va donc de se poursuivre, au printemps 2019, pendant six semaines devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Avec un regret déjà émis par les deux juges d’instruction : que « les délais d’archivage » des montages financiers à l’étranger soient en règle générale d’une décennie seulement. Car « l’organisation mise en place par les époux Balkany pour masquer leurs avoirs remonte bien au-delà ».

A l’issue de ce procès, ils encourront une peine de dix ans de prison. A condition qu’ils se présentent à la barre en mai. Les représentant devant la 32e chambre, ce mardi, l’avocat Pierre-Olivier Sur a émis des doutes à ce propos en raison de l’état de santé de leur avocat historique. « Grégoire Lafarge est celui qui les accompagne depuis toujours. S’il ne peut pas venir à l’audience, les Balkany ne viendront pas non plus ! »

Source : 20minutes.fr