L’été 2018 marque de nouveaux records de chaleur, notamment en France où s’installe une deuxième semaine de canicule. Si les vagues isolées ne sont pas directement imputables au dérèglement climatique, les tendances à la hausse et records battus chaque année en sont des signes.
Dix-neuf départements sont toujours en vigilance orange ce mercredi, marquant la deuxième semaine d’un épisode caniculaire qui stagne sur la France. La moitié est et le sud du pays sont particulièrement touchés, avec des températures dépassant par endroits les 39 degrés. Ces dernières semaines ont constitué le troisième mois de juillet le plus chaud depuis 1900.
« S’il n’est pas possible d’isoler ces vagues de chaleur pour se dire ‘C’est du dérèglement climatique’, lorsqu’on regarde les tendances, lorsqu’on regarde les années précédentes, les records battus année après année, on a bien entendu un impact du dérèglement climatique », assure ce mercredi sur notre antenne Pierre Cannet, responsable climat, énergie et villes durables à WWF France.
« Les scientifiques sont formels », poursuit-il: « En France c’est le Sud-Est qui va trinquer, avec 5 à 10 jours de vagues de chaleur de plus par an d’ici la moitié du siècle, même jusqu’à 20 jours d’ici la fin d’un siècle. »
Ainsi, des villes comme Lyon s’approcheront du climat madrilène d’ici à 2050, puis de celui d’Alger d’ici à 2100, affirme le responsable WWF. « L’action climatique c’est maintenant, et il faut l’accélérer », insiste-t-il, mettant en avant la « grande responsabilité (des villes) ». « Le WWF a estimé qu’il faudrait tripler leurs engagements en termes de réduction d’émissions », avance Pierre Cannet. Soit changer de modes de déplacement, de type d’énergie ou encore d’alimentation.
« La fenêtre de tir se réduit et c’est maintenant qu’il faut agir à toutes les échelles », alerte-t-il. D’autres sont bien plus pessimistes: « Notre attitude envers l’environnement a été si irresponsable que nous n’avons plus beaucoup de choix pour l’avenir », regrette auprès de CNN Camilo Mora, professeur à l’université de Hawaï et auteur d’une étude sur les canicules mortelles publiée en 2017 dans la revue Nature.
« Nos options sont soit mauvaises, soit terribles »
« En ce qui concerne les canicules, nos options sont soit mauvaises, soit terribles », tranche le professeur spécialisé dans la géographie et l’environnement.
« Si nous faisons de notre mieux, c’est-à-dire respecter l’accord de Paris (adopté lors de la COP21 et dont Donald Trump a fait retirer les Etats-Unis, NDLR), presque 50% de la population humaine sera quand même touchée », estime Camilo Mora. « Mais si nous ne faisons rien, plus de 70% de la population sera affectée par ces vagues de chaleur, ce qui est terrible », avance-t-il.
De fait, la migration en raison de changements climatiques est un sujet qui revient de plus en plus souvent dans les discussions des sommets internationaux. D’ici 30 ans, la Banque mondiale estime que plus de 140 millions de personnes pourraient être amenées à se déplacer. Un chiffre qui, selon l’organisme international, pourrait être réduit de 100 millions si des mesures étaient prises (et respectées) au niveau mondial et national.
Source : bfmtv.com