L’Autriche passe à la journée de travail de douze heures

Lors d’une séance houleuse au Parlement, la droite au pouvoir à Vienne a adopté, le 5 juillet, une nouvelle loi sur l’allongement et la flexibilisation du temps de travail. Journée de douze heures et semaine de soixante heures entreront en vigueur le 1er septembre.

La journée de travail de douze heures entrera en vigueur dès l’automne”, titre le tabloïd autrichien Kronen-Zeitung. Adoptée le 5 juillet à l’Assemblée par les partis de la coalition au pouvoir (ÖVP-FPÖ, droite et extrême droite) et le parti libéral (NEOS), en dépit des protestations de l’opposition qui brandissait dans l’hémicycle une foule de pancartes pour afficher son désaccord, la loi sur l’allongement et la flexibilisation du temps de travail, prévue pour 2019, entrera en vigueur le 1er septembre.

Un accord sur le changement de date avait été négocié en dernière minute, dans la nuit du 3 au 4 juillet, entre l’ÖVP et le FPÖ. Si la durée légale de travail reste normalement fixée à huit heures par jour et quarante heures par semaine, la nouvelle loi permet des dépassements jusqu’à douze heures quotidiennes (au lieu de dix) et soixante heures hebdomadaires (au lieu de cinquante). Si les salariés sont censés pouvoir invoquer leur “intérêt personnel” pour refuser la onzième ou la douzième heure supplémentaire sans être pénalisés, “les dispositions de la loi sont très favorables aux employeurs et aux attentes des milieux économiques”, confie un spécialiste du droit du travail au magazine économique Trend.

Le partenariat social en question

Sachant que la mesure n’est pas populaire, relate la “Krone”, l’ÖGB, la puissante centrale syndicale autrichienne, avait appelé le 30 juin à la mobilisation et réuni entre 80 000 et 100 000 personnes dans les rues de Vienne. “La seule réaction de la coalition [à cette manifestation] aura été de se satisfaire que la liberté d’expression existe dans le pays. Quelle arrogance !” dénonce le tabloïd viennois, persuadé que le combat va se poursuivre.

En avançant l’entrée en vigueur de la loi, analyse au contraire le quotidien libéral Der Standard, le gouvernement coupe l’herbe sous le pied du syndicat et du parti social-démocrate (SPÖ). […] Il impose le texte, place l’opposition et les partenaires sociaux devant le fait accompli – et sape volontairement et durablement les bases du dialogue social. Il se moque du dialogue.”

Source : courrierinternational.com