Plongée dans l’extrême sud de ce pays d’Afrique de l’Est, où la tradition exige que les jeunes filles subissent une initiation sexuelle dès leurs premières règles.
Elles ont 9, 12 ou 49 ans mais subissent toutes la loi du « kusasa fumbi ». Au Malawi, leur condition de femmes les oblige à se plier à une culture traditionnelle de « purification sexuelle ». Dès leurs premières menstruations, à la mort d’un conjoint ou pour construire une nouvelle maison, les familles malawites font appel à une « hyène », un fisi en langue chichewa, pour « purifier » le corps de leur fille ou de la femme par une relation sexuelle non consentie ni protégée.
La « hyène » est un homme payé par les familles pour avoir des relations sexuelles. Souvent père de famille dans le « civil », toujours souriant, rien ne le distingue des autres hommes sinon son « métier ».
Autrefois présente dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est, en Tanzanie et au Kenya notamment, cette tradition a peu à peu disparu sous l’impulsion des gouvernants. Mais, dans l’extrême sud du Malawi, région la plus pauvre de ce pays enclavée entre la Zambie et le Mozambique, la coutume mène la vie dure à la modernité. Là, les hyènes sont légion et les camps d’« initiation sexuelle » pour fillettes sont régis par les autorités morales des communautés. Pourtant, la loi interdit ces pratiques terribles. Conséquences directes de la tradition : près de 10 % de la population est touchée par le VIH, et la moitié des femmes sont mariées avant leur majorité, bien souvent à l’issue d’un viol « initiatique ».
Le Monde Afrique se plonge dans cette culture méconnue. Quels en sont les conséquences ? Comment la tradition subsiste malgré les lois qui l’interdisent ? Qu’en pensent les femmes et les hommes ?
Au fil des épisodes de cette série, nous entrerons dans l’un de ces camps à la rencontre des jeunes filles « initiées » à peine pubères. Nous donnerons la parole à une hyène pour comprendre les ressorts de ce « métier » et ferons un détour par la région de l’extrême sud, sur l’unique route bitumée, « l’autoroute » Malawi 1 qui traverse le pays du nord au sud. Enfin, les ONG locales qui osent s’aventurer sur ces chemins, alors que l’Etat n’y met pas les pieds, nous raconteront leur combat pour moderniser leur société, et mettre fin à ce qu’elles dénoncent comme du viol organisé.
Source : Le Monde